[ACCEPTER] Une bien étrange silhouette

Quatre petits doigts effilés et gantés de noir se glissèrent entre les deux grandes portes de la Taverne des Guerriers Sacrés. La porte de droite s'entrouvrit lentement. Un œil sombre parcourait de droite à gauche et de haut en bas l'ensemble de la pièce... Cet œil semblait porter une étrange marque.
Ne pouvant expliquer le comment, toute l'assemblée s'arrêta et observa cet œil. Un grand silence alors s'installa. Il y avait beaucoup de convives tenant des godets et de petites écuelles contenant de délicats entremets.

L'étrange œil se ferma et de derrière la porte l'on entendit comme un soupir. Puis une grande inspiration s'en suivit. Pourvu que ce ne soit pas trop tard...

D'un grand coup de pied la porte s'ouvrit violemment !
Un petit individu entra d'un pas sûr et décisif. Vêtu de sombre, il portait une grande cape noire le recouvrant de la tête aux pieds. Une capuche assez ample recouvrait sa tête baissée dans laquelle l’on devinait péniblement la forme d'un visage. La cape recouvrait tout le corps et traînée au sol. Seules des pointes fines de bottes apparaissaient et disparaissaient à chacun des pas.
Sur son dos, un énorme tonneau en bois d'un gris sombre et cerclé de noir marqué d’un mot étrange « Kravun » et estampillait d’un sceau inconnu. Ce tonneau semblait être aussi grand voir même plus que son porteur.
A chaque pas, la cape s'entrouvrait légèrement, laissant échapper une étrange lueur bleutée qui éclairait l’intérieur de l’habit.

D’une grande dextérité, le petit Être déposa son colis sur la table où des calices côtoyaient des chopes autour desquels les Seigneurs observaient la scène. Tous intrigués, certains chaussèrent même leurs épées.
« Du calme les Amis ! Je reconnais ce tonneau dont la contrée toute entière en est devenue assez friant. J’ai bien l’impression que le Grand Chef, détenteur du secret de la recette de cet élixir nous fait l’honneur de nous l’apporter en personne. »
« Comme toujours No0ob L0veur, tes intuitions sont bonnes » répondit l’étranger d’une voix mélodieusement féminine.
« Une Dame !? » s’exclama l’assemblée. Alors la capuche de ce mystérieux personnage tomba sur ses épaules. Et en un tour de main, la cape sauta et se plia pour se poser au côté du tonneau.
S’en suivit un « woooh » général qui se termina par un « Par Merath, Dieu des Sept Enfers ! ».

Une silhouette fine mesurant un peu moins d’un mètre soixante-quinze posée sur des bottes de cuir noires, ornées de boucles en métal brillant parcourues de chaînes entrecroisées. Une multitude de fermoirs remontaient sur les côtés des bottes, les serrant ainsi contre les jambes de la demoiselle. Elles stoppaient juste au dessus des genoux. Le reste des cuisses étaient nues.
Une robe noire d’une matière inconnue épousait à merveille le corps de l’étrangère, comme une deuxième peau. Répétant ainsi méticuleusement toutes ses courbes, dessinant le moindre contour de sa silhouette. Elle semblait toute aussi serrée que confortable. De larges bretelles noires sur lesquelles reposaient de grandes épaulettes gainées de cuir noir et paraît d’anneaux métalliques argentés, formaient le haut du vêtement. Le décolleté qu’offrait l’habit laissait respirer une poitrine bombée par un laçage entrecroisé d’une fine dentelle sur l’arrière du vêtement. Cette robe terminait sa course sur les cuisses blanches de la Dame. De multiples ornements d’anneaux, de chaînes et de boucles de métal parcourraient cette robe qui n’était qu’autre qu’une armure.
Un diadème de cristal reflétant les lumières ambiantes était déposé sur une longue chevelure blanche aux nuances bleutées qui caressaient une divine chute de reins au moindre mouvement de tête. Un visage aux traits fins esquissait un sourire. Des yeux d’un bleu si profond qu’ils semblaient faire transparaître l’Âme de la demoiselle. Une étrange marque bleue entourait l’œil gauche. Comme un tatouage… Une Rune, peut-être. De fines lèvres foncées aux couleurs violines terminaient par un léger maquillage sombre sur ce visage contrastait par sa pureté.
Elle avait une peau si blanche qu’ombres et lumières jouaient dans le moindre recoin, changeant du blanc au bleuté pour finir sur un violet pâle.
Ses bras sortaient des grandes épaulettes. Ils étaient nus jusqu’au-dessus du coude laissant le reste à un long gant de cuir noir également serré par une infinité de boucles et autres lacets.
Attaché à la ceinture, un bâton scintillait à son extrémité d’une lueur violette parsemait de millier de flammèches bleutées crépitant sur le côté gauche de la Dame. Cette mystérieuse danse semblait interagir avec l’étrange marque sur le visage de la demoiselle.

Iryei:

Dans un silence de cathédrale, Iryei s’exprima :
« J’ai ouïs dire qu’un Seigneur souhaitait voir rappliquer mes petites fesses par ici ? »
A ces mots, l’on entendit dans le fond de la pièce un grand bruit d’amas de ferraille s’entrechoquer suivit d'un boum faisant trembler le sol.
Le Seigneur LDK Cambronne s’effondra…


L'attention d'Iryei fut apportée par un Seigneur qui aidait LDK Cambronne à se relever. Étrangement, ce même Seigneur s'approcha vivement tout en la fixant dans les yeux.
La curiosité accompagnée d'une peur envahirent l'âme de la Princesse. Son visage s'éclaira, ses pupilles s'ouvrirent et les scintillements de la marque sous son œil gauche s’intensifiaient. La température de la pièce chuta tout à coup rapidement.
Quand le Seigneur KrapRikFlan lui prit la main, elle sursauta légèrement, sa main eu un réflexe hésitant. Ses yeux grands ouverts fixaient le Chevalier qui se tenait devant elle.

KrapRikFlan prit avec délicatesse mais fermeté la main de la belle des glaces et déposa ses lèvres sur le dos des doigts d'Iryei. "Sa main... Sa main est si froide, si glacée. Elle est gelée. Cette main si fine est aussi froide que la glace" dit-il.
La marque sur le visage d'Iryei intensifia sa luminescence. Le cœur de la Princesse battait très vite. La température de la pièce continuait à descendre très bas, se rapprochant du zéro malgré les copieux foyers allumés au centre de deux imposantes cheminées ornant la Taverne. Un courant d'air glacial circulait au sol entre les convives leur frigorifiant les jambes. Alors qu'elle fixait toujours le Seigneur KrapRikFlan, la lèvre inférieure d'Iryei entrouvrit légèrement sa bouche laissant apparaître vraisemblablement un sentiment de surprise et d'incompréhension.
KrapRikFlan lui fit signe de la main en direction d'une tablée. Sa bouche toute engourdit par le froid de son baiser déposé sur la main d'Iryei ne pouvait que balbutier son invitation.

No0ob L0veur tournait le dos à la scène.
Trop occupé à remplir sa flasque de cette Kravun fraîchement apportée par son amie. Quand il ressentit alors ce courant d'air qui lui glaçait les orteils, il comprit aussitôt qu'Iryei n'était plus dans son état normal.
Il se retourna brusquement vers la Princesse, laissant tomber et se briser au sol sa bouteille de poche contenant son précieux liquide. Il n'eut le temps d'interpeller Iryei que le bruit du verre s'écrasant sur le sol en pierre de la salle déclencha tout-à-coup une violente explosion !

Les proches de la table au tonneau furent projetés au sol. Le vieux soiffard atterrit la tête la première dans le généreux décolleté d'une servante écroulée au sol.

A la détonation émanant de l'étrange marque du visage d'Iryei, une aveuglante lumière blanchâtre bariolée de bleu tournoyait, éblouissant la salle de réception. Au sursaut de la Princesse provoqué par l'éclatement de la flasque sur le sol, elle décolla ses pieds d'un demi-mètre du sol et resta en suspens dans les airs. Alors en un battement de cils, la pièce fut recouverte d'une épaisse couche de glace du sol au plafond. Elle emprisonnait les feux des cheminées et les torches enflammées sur les murs.
Le temps semblait s’être arrêté, telle une scène figée dans un tombeau de glace.

Iryei était toujours en lévitation, la tête en arrière, elle regardait le plafond. Ses cheveux libres, dansaient étrangement en fouettant l'air autour d'elle. Ses yeux brillaient de mille éclats bleutés, la lumière qui jaillissait de la rune jouait avec le bâton accroché à la taille de notre sorcière.
No0ob L0veur se relevait péniblement, prenant appuis à pleines mains sur les seins de son invitée rapprochée, laquelle aussitôt lui décocha une terrible gifle qui le redressa instantanément.
« IRYEI ! IRYEI ?! BONTÉ DIVINE IRYEI !!! » s'égosilla No0ob L0veur à la joue marquée. « Calme-toi Iryei. C'est ma faute ! J'ai malencontreusement laissé s'échapper ma flasque de ma vieille main. C'est rien. Calme toi et revient parmi nous. »
C'est alors que la tête d'Iryei se redressa, ses yeux reprenaient leur bleu naturel. Elle posa la pointe de ses bottes au sol puis suivirent ses talons.
La glace emprisonnant la pièce reculait petit à petit, libérant les flammes des foyers pour venir s'évaporer sous les pieds de la belle au corps de glace. Ses cheveux retombèrent subitement sur ses épaules et son dos. La température alors remonta aussi vite qu'elle avait chuté.
Chacun se relevaient plus ou moins avec difficulté. No0ob L0veur s'approcha et déposa une main sur l'épaule d'Iryei. « Là... N'ait crainte Iryei, ton isolement dans tes montagnes glaciales te fait oublier la noblesse des gestes amicaux des Seigneurs de ces contrées » dit No0ob L0veur frottant sa joue rougie de l'autre main.

« Je... Je suis navrée, tu m'as fait peur KrapRikFlan... » rétorqua timidement Iryei, baissant son regard.

Elle leva ses yeux du sol pour regarder KrapRikFlan. Elle n’osait pas le fixer tant la honte l’envahissait.
« Je suis sincèrement navrée KrapRikFlan. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Je dois vous avouer que je ne suis pas habituée à tant de délicatesses familières à mon égard. »
Iryei fini de se redresser et d’une rotation sur ses appuis elle observait l’état de la pièce ainsi que celui de ses occupants. Elle remarqua l’air effrayé du Seigneur KrapRikFlan qui ne cessait de la fixer droit dans les yeux, terrorisé à l’effet dévastateur d'un simple baiser… « Il est clair que cet élixir, cette Kravun comme ils l’appellent, est aussi dangereux que celle qui le produit… » marmonnait-il à son entourage proche tout en époussetant son épaule droite.
« KrapRikFlan a raison et je manque à tous mes devoirs dont la noblesse de mon titre peut vous faire penser… Je me nomme Iryei, Iryei de Valmor, Princesse aux Larmes Éternelles. Je viens des monts de Valmor, de ces montagnes où l’hostile climat préserve la quiétude des Valmorians, mon peuple.
Je vous présente mes sincères excuses. Le geste curieux de votre Frère d'Arme m’a quelque peu surpris. J’en comprends aux vues des réactions que c’est un signe de bienvenue. Ma réaction fut instinctive. Je n’étais plus moi-même.
Il faut dire qu’il s’est littéralement jeté sur moi aussi...

Comme vous l’avez malheureusement compris, je maîtrise les éléments. Surtout l’eau et en particulier sous son état solide, la glace. Malgré un titre de Princesse, je n'en reste pas moins une Sorcière au rang de Combattante.
J’avoue avoir perdu la raison face à cette délicate attention du Seigneur KrapRikFlan. Ce qui laissa mon instinct prendre le dessus, assurant ma protection. Du moins je pense...

Je ne suis pas belliqueuse tout comme mon peuple. Je n’ai qu’un seul ennemi, ces maudits Elfes des contrées d’Elendun. Seuls ses traîtres méritent la mort par ma main.
Il est clair que ma magie est dévastatrice mais elle ne s’est libérée ici qu’avec l’unique intention de protéger sa maîtresse.

No0ob L0veur, KrapRikFlan, LDK Cambronne ainsi que tous et toutes ici présents, je suis heureuse de vous offrir mon amitié enlacée de ma tendresse. Et si vous voulez toujours de ma présence à vos côtés pour la suite de l'aventure, j'en serai toute aussi honorée.
Les Valmorains sont à votre service quoi qu'il advienne. »

Iryei tendit son bras gauche, la pomme de sa main tournée vers le haut et se retourna alors vers la table où elle avait déposé son tonneau tout en s’exprimant « pardonnez-moi pour tout ce remue-ménage. Je m’engage à réparer les dégâts et vous offrir de ma Kravun Spéciale Cuvée Valmorianne. »
Quand tout à coups « SAPERLIPOPETTE PAR KHARYS !? » cria-t-elle. « Ma Kravun ?! Mon tonneau ! No0ob L0veur ?! Mon tonneau ! Où as-tu mis mon présent vieux pervers ?! »
Les mains jointes en son dos, le Seigneur désigné frottait honteusement le sol en demi-cercle de la pointe de ses bottes « je… Euh...  Écoute c’est de ta faute aussi. Tu sortirais de temps en temps de ta grotte, tu serais bien plus sociable aussi ! Et un simple baiser sur ta main ne déchaînerait pas un cataclysme… Je n’ose même pas imaginer quand un homme te prend dans ses bras… Pauvre Umbre, après ça il va encore déprimer. »
« Et j’ai explosé malencontreusement ton tonneau… » marmonna-t’il sournoisement dans sa barbe.
« Umbre ?! Que vient-il faire ici ? Ne change pas de sujet, tu n’as pas rép… » elle comprit alors ce que No0ob L0veur venait de baragouiner.
« Je sais... Je ne sais pas comment nous allons faire à présent qu’il n’y en a plus une goutte… » dit-il tout en lançant un clin d’œil à Soria, la servante.

bonjour Iryei de Valmor

merci pour ce joli texte , cela nous change de nos habitude et tu as bien eu raison

c'est avec plaisir que je me suis accordé un temps paisible a cette lecture dans la tempête qui nous a frappée aujourd'hui sur travian

LDK_cambronne

Merci Cambronne, tout le plaisir fût pour moi. Et navrée de t'avoir impliqué dans mon récit, il me fallait bien nommé une sorte de "mandataire" pour motiver ma venue parmi Les Guerriers Sacrés.
J'ai aussi fait référence à des noms qui me sont tellement familiers. C'est plaisant d'être à nouveau à leur côté.

Ce soir, j'accepte l'invitation et dès que c'est fait, je te contacte comme tu l'as demandé.